Non seulement l’industrie extractive affecte-elle principalement les territoires autochtones (Laforce, et al. 2012), mais elle génère aussi des mouvements de revitalisation ou d’identification autochtone en réponse aux menaces ou aux bénéfices que les acteurs associent à la réalisation de projets d’extraction de richesses naturelles sur leurs terres. L’affirmation identitaire autochtone peut en effet être perçue, par les communautés locales, comme un outil politique stratégique pour faire reconnaître des droits territoriaux, culturels ou politiques reconnus à l’échelle nationale ou internationale, mais qui sont rarement pris en compte par les promoteurs de projets miniers, de barrage hydro-électrique ou pétroliers, par exemple. En tant qu’identité ethnique générique, l’autochtonie donne par ailleurs accès à des tribunes plus larges, particulièrement à l’international, transformant des luttes isolées contre un projet extractif en un enjeu global (Morin 1994, 2006). Dans ce contexte, les luttes de communautés autochtones ancrées dans un territoire spécifique peuvent transcender une situation de marginalisation socio-économique ou politique (Bellier 2011; Jackson et Warren 2005). En outre, l’autochtonie unit des communautés partageant une expérience historique commune du territoire qui, en retour, peut agir comme catalyseur de mobilisations diverses pour le défendre (Urkidi 2011). Les travaux associés à cet axe analysent ce qui sous-tend l’identification comme autochtone en contexte extractif, et les obstacles rencontrés dans ce processus, reconnaissant que les États coloniaux demeurent généralement les arbitres des processus de reconnaissance des droits autochtones revendiqués (Povinelli 2002 ; Coulthard 2014).