La croissance de l’industrie extractive est à la source d’un nombre croissant de conflits socio-environnementaux. Or ces conflits opposent non seulement les acteurs qui sont considérés comme les « parties prenantes » de projets d’extraction de richesses naturelles (soit les compagnies qui les opèrent, les gouvernements qui les autorisent et les communautés qui les accueillent). Ils impliquent également une diversité d’alliés politiques, de partenaires économiques, d’instances juridiques et d’entités naturelles ou « surnaturelles ». D’où l’émergence de disputes et de mésententes complexes, alors qu’une variété d’acteurs, de régimes normatifs et de savoirs empiriques, techniques, scientifiques ou « profanes » s’affrontent au cours de l’évaluation de la rentabilité, de la viabilité écologique ou de la désirabilité sociale d’une mine ou d’une coupe à blanc (Li 2015). Cet axe de recherche vise donc à examiner de plus près ces disputes, afin d’identifier les ingrédients nécessaires à leur résolution. Ce faisant, nous prêtons une attention particulière aux voix les plus souvent marginalisées dans ces conflits, soit celles des jeunes et des femmes (Mills et al., 2013; Altamirano-Jiménez, 2008). D’une part, il s’agit d’analyser la nature nécessairement ambiguë, et donc « frictionnelle » (Tsing 2005), des relations entre les divers acteurs touchés par des projets d’extraction de richesses naturelles, leurs intérêts pouvant converger tout en demeurant de nature fondamentalement différente (Furton 2001). D’autre part, nous étudions les enjeux d’« équivalences » (Li 2015) entre les systèmes de valeurs et de connaissances qui sont mobilisés pour promouvoir ou s’opposer à ces projets, ces enjeux étant le plus souvent à la source des frictions entre les acteurs.